Vous aimez la country en sirotant du Jack Daniel’s ? Ouep, tout l’esprit américain en somme ! Vous allez adorer ce petit film, il montre la réalisation d’une série de 10 affiches en presse-typo. Une visite grand large dans l’atelier de Yee-Haw Industries (Knoxville, Tennessee).
Toutes ces affiches ont été imprimées de manière artisanale sur une presse Vandercook Universal 219 à l’occasion de la célébration de la déclaration d’indépendance américaine (1866). J’avais déjà vu des encres mélangées avec de de la vase et du pétrole (voir l’affiche Oil & water do not mix réalisée par Anthony Burril), mais jamais encore avec du whiskey !!!
Fermé depuis 2012, Yee-Haw Industries fut l’un des rares ateliers américains à pratiquer la gravure et la sculpture sur bois – et non sur linoléum – permettant une finesse et une précision d’impression bien supérieures. Chaque bloc de bois gravé ne permet d’imprimer qu’une seule couleur à la fois, et exige une patience infinie : l’encrage est si épais que chaque couche nécessite huit heures de séchage !
Engagés de longue date dans une démarche écologique, ils utilisaient uniquement des papiers et cartons recyclés, ainsi que des encres récupérées auprès de l’industrie. Encore plus remarquable : l’atelier produisait 100 % de son électricité grâce à une petite centrale hydroélectrique. Un choix militant, autant qu’esthétique, qui faisait de chaque impression une œuvre lente, consciente et profondément humaine.
Yee-Haw, c’était avant tout un travail artisanal d’exception, démarré en 1996… dans une simple grange du Kentucky ! Kevin Bradley et Julie Belcher ont fondé leur atelier avec une philosophie DIY radicale, récupérant presses typographiques abandonnées, bois gravés anciens, et autres trésors oubliés des imprimeries traditionnelles. À une époque où le numérique envahissait tout, leur démarche manuelle faisait figure d’acte de résistance artistique.
Très vite, leur style s’impose : brut, coloré, expressif, influencé par l’imagerie populaire américaine, les affiches de rodéo, le bluegrass, les vieux slogans politiques et les publicités d’époque. L’atelier devient un lieu où le patrimoine typographique revient à la vie.
Installés en 1998 dans le centre historique de Knoxville (Tennessee), ils ouvrent les portes de leur atelier au public. Les visiteurs peuvent assister aux impressions d’affiches, tout en découvrant les centaines de casses typographiques rangées méthodiquement. Un mur entier est même dédié aux erreurs d’impression ou à des messages humoristiques créés à partir de lettres dépareillées.
Leurs productions, souvent limitées et signées, sont autant d’affiches que de manifestes visuels. Des commandes affluent de labels de musique indépendante, de salles de concert, puis de grandes marques. Ralph Lauren fait appel à eux pour des séries limitées d’affiches vintage, Jack Daniel’s leur commande des œuvres typographiques dans le cadre de ses campagnes. MTV2, Cartoon Network, The Wall Street Journal leur passent commande. Yee-Haw devient un label culte, identifiable entre mille.
Malgré leur succès, Kevin et Julie choisissent en 2012 de clore cette aventure pour poursuivre d’autres projets artistiques personnels. Kevin Bradley continue aujourd’hui à créer sous son propre label, tandis que Yee-Haw reste dans les mémoires comme un symbole de l’excellence artisanale américaine.
Leur héritage perdure aussi grâce aux nombreuses publications qui leur ont rendu hommage : Print Design Magazine (11 années de suite), The Art of Modern Rock, Poster Explosion, et bien d’autres ouvrages spécialisés. Certains collectionneurs considèrent aujourd’hui leurs affiches comme de véritables pièces de musée.
Pascal Blua
Ah la la la ça donne envie !
Franck Chambrun
Miam !
Zig
Slurp !
Gildas Bizeul
glop !
Stef Mozz
trop fort l’encre diluée au Jack’ !
Gildas Bizeul
J’adore 😉
Zig
Je viens d’apprendre que Yee-Haw Industries va fermer ses portes fin avril. Les deux partenaires Julie Belcher et Kevin Bradley se séparent leurs activité de presse-typographie et de design. Quel dommage…
La boutique a également contribué à stimuler la résurgence de la typographie à travers les États-Unis comme un moyen d’expression artistique ainsi que d’un produit plus “durable” à l’ère du numérique.