Redesign : le packaging français peut-il retrouver son âme ?

Redesign Packaging France par Dezzig

Et si on refaisait le design ? Le redesign packaging, ce sont des hommages à des savoir-faire, des histoires et des univers uniques. Du chocolat Poulain au petit beurre LU, en passant par le pâté Hénaff, Orangina, Pelforth et la Chicorée Leroux, chaque proposition cherche à rallumer la flamme patrimoniale de la marque, tout en offrant une lecture contemporaine.

 

En partant du logo moderne et de ses couleurs emblématiques, il est ici question de réveiller l’âme du packaging, de remettre en lumière son histoire. Ce qui m’intéresse dans cet exercice de redesign, c’est de retrouver les codes authentiques qui ont fait la célébrité des marques et de les réinterpréter aujourd’hui.

Redesign Packaging Chocolat Poulain par Dezzig

Chocolat Poulain

 

Le cas Chocolat Poulain est unique. Ici, on est dans l’ultra régressif, dans la vraie madeleine de Proust. Aujourd’hui, il ne me viendrait même pas à l’esprit d’acheter un chocolat noir à seulement 47 % de cacao. Mais en 1848, Victor‑Auguste Poulain avait une idée révolutionnaire : rendre le chocolat populaire au rayon confiserie, le faire sortir des salons bourgeois pour en faire un plaisir accessible à tous. 

 

À Blois, il bâtit une usine révolutionnaire, un véritable temple de la gourmandise, que l’on pouvait même visiter comme Willy Wonka ! Son credo ? Faire du chocolat un produit « simple et gourmand », pensé pour les enfants et les familles ouvrières. Ici, pas de prétention haut de gamme : juste le petit plaisir réconfortant qui traverse les générations. « Goûtez et comparez », si vous trouvez meilleur, on vous rembourse… en sourires !

 

Un redesign pour faire revivre l’identité historique de la marque :

 

• le logo moderne (il existe tellement de versions !),

• le mot « EXTRA » figurait sur tous les emballages,

• les frises décoratives présentes au début du XXᵉ siècle,

• le sens de lecture horizontal, pas seulement esthétique, mais partie intégrante de l’identité visuelle de Poulain jusque dans les années 1980.

 

Et comment oublier le Pierrot emblématique ? Créé par Firmin Bouisset (1859‑1925), déjà célèbre pour ses affiches Menier et LU, il incarne à lui seul l’esprit ludique et attachant du chocolat Poulain.

 

Monsieur Poulain fut un des premiers à glisser des vignettes à collectionner dans ses étuis… un vrai génie du marketing !

Redesign Packaging Petit Beurre LU par Dezzig

Petit Beurre LU

 

Le Petit Beurre LU, c’est bien plus qu’un biscuit : c’est une institution française, né à Nantes en 1886. Même sa forme est un coup de maître : 52 dents pour les semaines de l’année, 4 coins pour les saisons, 24 points pour les heures, et 7 cm de côté comme les jours de la semaine. Derrière cette création se cache Louis Lefèvre-Utile, fils des fondateurs Pauline-Isabelle Utile et Jean-Romain Lefèvre, qui transforma une idée simple en symbole de la biscuiterie française… et apporta une réponse délicieuse à cette éternelle question : pourquoi les gâteaux mous deviennent secs et les gâteaux secs deviennent mous ?

 

Pour ce redesign, il était intéressant de conserver deux symboles historiques : la gravure de l’Ange de la Renommée dessiné par Eugène Quinton et déposée en 1886, qui incarnait la fierté et la notoriété de la maison LU, et un jeu de cercles inspiré des médailles obtenues lors des expositions universelles, autrefois fièrement affichées sur les boîtes en métal lithographiées.

 

Avec ce redesign, si on faisait dialoguer le passé et le présent ?

 

• le logo moderne, 

• l’Ange de la Renommée,

• les formes circulaires comme des médailles,

• les motifs Art déco pour la sophistication visuelle entre 1900-1940,

• le macaron Lefèvre-Utile, Nantes.

 

Le graphisme LU des années 1900 est une signature nantaise : gravures fines, motifs Art déco et perspectives d’usine reflètent la modernité de la ville. Ces codes patrimoniaux, mêlant raffinement et identité locale, donnent au Petit Beurre un style unique et immédiatement reconnaissable, remis en lumière ici.

Redesign Packaging Pâté Hénaff par Dezzig

Le Pâté Hénaff

 

Le pâté Hénaff incarne l’authenticité bretonne dans le monde entier ! Un produit simple et fidèle à ses origines. Aujourd’hui, difficile d’imaginer qu’en 1915, Jean Hénaff ait révolutionné le pâté en utilisant tous les morceaux du cochon pour créer sa fameuse recette. Depuis un siècle, le goût est pourtant le même dans sa boîte ronde : ils sont magiques les bretons !

 

À Pouldreuzic, il bâtit une conserverie innovante, capable de produire toute l’année et de soutenir les agriculteurs locaux. En créant un produit de qualité, pratique et réconfortant, il pensait aux familles et aux marins. Impossible d’oublier le légendaire « pâté du mataf », petit surnom donné pendant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, Hénaff propose des éditions limitées pour la Marine nationale, perpétuant ce lien unique avec ceux qui vivent en mer : un classique qui traverse les générations.

 

C’est certain, avec le temps, le packaging a perdu son style unique. Pour célébrer son centenaire en 2007, la marque a même réédité sa boîte emblématique ! Ce redesign cherche à lui redonner du caractère en jouant sur son héritage :

 

• le logo moderne,

• les couleurs historiques,

• des motifs et encadrements Art déco,

• une typographie fidèle à l’esprit fonctionnel et pratique du produit.

 

Ce redesign met en lumière l’histoire, le savoir-faire breton et l’identité patrimoniale de la marque, tout en rendant la boîte plus lisible, moderne et… désirable ?

Redesign Packaging Chicorée Leroux par Dezzig

La chicorée Leroux

 

La Chicorée Leroux possède une histoire remarquable. En 1858, Charles Leroux, Breton de Douarnenez, se révèle un visionnaire industriel : dans le Nord de la France, il met au point des procédés de torréfaction qui rendent la chicorée de qualité accessible à tous. Pendant les guerres, la chicorée Leroux devient un substitut économique du café, surnommé « le café des braves », très populaire dans les foyers français. Toujours fabriquée à partir de racines cultivées en France, il faudra pourtant un siècle pour faire disparaître cette image d’ersatz qui lui colle à la peau et faire apprécier son goût unique : c’est un peu comme un câlin qui pique un peu !

 

L’authentique paquet Leroux est reconnaissable entre mille ! Pendant plus de cent ans, il arborait une Bretonne en coiffe d’Audierne, symbole de l’authenticité et des racines bretonnes de Charles Leroux : une identité visuelle très forte !

 

Entre 2017 et 2023, la marque a changé deux fois de logo et de packaging. Après quelques années d’errance, elle revient à ses valeurs historiques, en réintégrant subtilement des éléments de son graphisme original.

 

Ce redesign actualise radicalement le packaging historique :

 

• les motifs de lierre

• le cercle rouge et sa petite bretonne,

• les couleurs mauve, blanc, rouge, rappelant subtilement la France et l’ancrage local.

 

Ce redesign met en lumière l’histoire, le savoir-faire et l’authenticité de la marque, tout en donnant au packaging un style immédiatement reconnaissable.

Redesign Packaging Orangina par Dezzig

Orangina

 

Née en 1936 en Algérie et produite à Marseille à partir de 1962, Orangina, c’est l’icône française absolue ! En réalité, c’est l’histoire d’une boisson d’origine espagnole, algérianisée, devenue française : le tour de la Méditerranée en une seule gorgée ! Avec sa bouteille granuleuse imitant la peau d’orange et sa forme rondouillarde inspirée d’un fruit pressé, elle a traversé le siècle.

 

Orangina, le célèbre soda à l’orange (avec sa pulpe) est devenu grand, mais c’est toujours meilleur en petite bouteille ! Pas de fioriture, juste un blason gravé dessus : le symbole historique de la marque. Il a disparu dans les années 1980, remplacé par des étiquettes autocollantes, sûrement plus pratiques.

 

L’écorce d’orange en spirale, créée par le célèbre affichiste Bernard Villemot en 1953, est devenue un emblème graphique culte. Copié et réinterprété mille fois, la simplicité du zeste original reste pourtant inégalable !

 

Si on secouait l’histoire de la marque pour retrouver son design iconique ? 

 

• la forme de blason, gravée sur le verre de la bouteille originale,

• le symbole de l’écorce d’orange fidèle à Villemot,

• Le logo moderne, redessiné droit.

 

Ce redesign souligne l’identité unique d’Orangina, mélangeant histoire et simplicité.

Redesign Packaging Pelforth par Dezzig

Pelforth

 

Pelforth, née à Lille en 1927, c’est l’histoire d’une bière qui a du caractère ! Toujours brassée dans sa métropole d’origine, son nom est une petite leçon de marketing avant l’heure : « Pélican » et « Forth », pour symboliser la puissance et ajouter une touche anglo-saxonne. Pas étonnant que la Brune reste l’icône absolue, celle qui a forgé sa réputation et traversé les générations.

 

En 2015, Heineken France a tenté de moderniser l’identité visuelle de la marque… résultat : un ratage monumental. La Pelforth a perdu son âme.

 

Avec ce redesign, revenons à ce qui fait l’histoire et l’authenticité de la marque :

 

• le code couleur historique rouge et jaune, 

• la forme iconique des anciennes bouteilles, un peu carrées et singulières,

• l’étiquette ronde,

• la typographie originale plus fine et en relief,

• le logo du Pélican, entouré de noir.

 

Ce redesign ne change pas tout : au contraire, il apporte un coup de frais subtil pour retrouver toute la force du Pélican !

 

 

Le redesign d’un packaging semble anecdotique, mais il peut profondément transformer la perception d’une marque. Dans un monde où le marketing privilégie souvent la surenchère visuelle au détriment de l’authenticité, un design réfléchi permet de retrouver l’âme du produit.

 

 

 

© 2025 Dezzig

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