Dans ce portrait au bandana rouge, les ailes du Phénix inspirées des tatouages de Renaud dessinent une silhouette immédiatement reconnaissable ! Ce diptyque de sérigraphies rend hommage au deuxième anniversaire du Phénix Tour.
Après dix ans de silence, à l’aube du Phénix Tour, Renaud reprend à 64 ans le chemin de la lumière. L’album live sort il y a 2 ans, le 1er décembre 2017. La pochette de l’album réalisée par Jérôme Witz reprend vie avec ces deux nouvelles sérigraphies officielles en édition limitée, imprimées en 2 couleurs dans l’atelier Dezzig (Format 50 x 70 cm sur Fedrigoni Old Mill 250 g), elles sont maintenant disponibles dans le artshop.
Installé à Paris, le graphiste Jérôme Witz du studio Elements a collaboré avec de grands artistes comme Polnareff, Vianey, Marc Lavoine, Detroit, Miossec, Radio Elvis, Gonzales, Dominique A, Yael Naim, et surtout Bashung : de Bleu Pétrole à L’homme à la tête de chou (reprise de Gainsbourg) jusqu’à la pochette et le livret de son album posthume. De vraies rencontres qui ont scellé la notoriété du graphiste et qu’il met également au service du label No Format! et plusieurs collaborations avec Dezzig pour l’impression en sérigraphie.
“Le label Warner m’avait contacté pour travailler sur la pochette du prochain album de Renaud. Quelle joie ! Un mélange de souvenirs musicaux et d’excitation à l’idée de créer un visuel original qui mette à l’honneur ce grand artiste. Malheureusement je devais travailler avec des photos existantes qui ne m’inspiraient pas du tout…
En avançant sur le projet, j’ai proposé au label de photographier tous les tatouages de Renaud pour illustrer le livret du disque. J’ai alors sollicité mon ami photographe et talentueux Yann Orhan. Le rendez-vous est pris, Renaud accepte d’être photographié, mais pas question de portrait, uniquement des photos des tatouages !
Nous arrivons timidement au domicile de Renaud, une bonne demi-heure d’attente avant d’être face à lui. Renaud nous accueille dans son salon, au mur, de sublimes photos de Bob Dylan et une peinture d’Henri Michaux. Nous échangeons sur les artistes que nous aimons, Renaud est simple, chaleureux, passionné d’art… La confiance s’installe. Alors que Renaud est torse nu pendant que nous faisons le tour de “ce livre ouvert” sur son corps avec notre appareil photo, il nous dit : “faites des portraits allez y les gars !”. Nous repartons de cette séance avec dans la boite, de belles images de l’artiste, hâte de les voir et les travailler !
Nous choisissons une photo que nous adorons, mais Renaud est nu, il faut quelque chose pour l’étoffer, pour raconter une histoire… L’idée du dessin avec le phénix apparait : ce sera la pochette de l’album ! Renaud la validera comme une évidence. La suite du travail graphique sur cet album et l’album Live découlera de cette rencontre.”
Jérôme Witz
Si le phénix est capable de renaitre après s’être consumé, alors Renaud n’en finit pas de partir et de revenir comme le ressac de la mer qu’il aurait tant aimé dompter – un vieux rêve d’enfant – pour larguer les amarres et ses santiags. À la fin des années 90, il disparait petit à petit et malgré les quelques albums qui se suivent, il n’est jamais vraiment revenu, le Renaud, même à coups de boutoir rouge sang. Le renégat avait déjà relifté sa dégaine pour déguiser sa colère sur Manhattan Kaboul et haranguer le désordre du monde; histoire de « renarder » le showbiz qui attend le retour de sa poule aux œufs d’or (26 albums et presque 20 millions de disques vendus !). Alors le Phénix a beau s’époumoner et policer ses plumes, celui qu’on a tant aimé désespère de n’avoir plus rien à nous dire, épuisé de ne plus trouver tous ces mots drôlement graves qui font sourire les petits gavroches.
Un jour d’été 2007 au Paléo Festival à Morges (Suisse), j’entends Renaud sous la pluie, sa voix est crevée de râles, il ne chante plus, il ânonne laborieusement ses petits chef-d’œuvre qu’il assassine obstinément. Mais voilà, j’aime toujours Renaud quand il est un formidable conteur. La « sainte » trinité des chansons : Hexagone – Dès que le vent soufflera – Mistral gagnant distille à elle seule tout le sel de son œuvre, de l’étincelle à tout faire péter, du voyage avorté en anarchie à l’enfance nostalgique. Son sens des mots, sa maitrise bluffante de la chanson et de l’écriture excellent même avec 3 accords de guitare ! D’une facilité déconcertante, il se révèle dans le réel Renaud, il touche, il sonne juste avec l’argot des bistrots et ses expressions de poulbot. Mais las des loubards et du foulard rouge, sa révolution a fini sur le tapis du salon. Pleure pas Renaud, on s’en fout camarade, la tendresse ne meurt pas, elle s’en va juste avec tes copains. Même rangé des bagnoles, retapé des clopes et du Ricard, c’est quand notre Renaud renaissant vieillit qu’il nous manque le plus : l’éternel retour de la « Chetron sauvage » dans un perfecto ailé, sacré phénix !
Artwork et interview : Jérôme Witz. Texte et photos : © 2020 Stéphane Constant – Dezzig